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Bleus sauvages

Le 15/04/2022 0

Bleus sauvages

Je ne sais pas au juste si c’est le souffle de l’océan, celui de l’inspiration, ou encore le vent qui « charoï » des rencontres…

Le vent des regards croisés qui inspirent, expirent des reflexions rythmées mais j’ai cette impression qu’un nouveau souffle me revient. Et cette lecture qui vous emporte - c’est bon, beau, triste et simple. Et délicat tout à la fois.

Et ça ramène aussi, au delà de notre système, à s'interroger sur l'essentiel.

Entre la vie, la mort, la chute, l'élevation, entre ces deux pôles, quel choix faisons-nous ? Qui aimons-nous ? Qui sommes nous ? Un peu d'or sur le blues, un pied dans le gouffre amer, l'autre sur la terre, en équilibre précaire. Il y a du juste dans cette litote.

Entre les bleus et le noir, quel choix nous permet d'attacher du sens ? 

Mes abords sauvages, mes bleus profonds, mes noirs rochers, c’est un peu de moi, de nous, de vous, que je prends là et que je projette ici. 

Bleus sauvages est sans aucun doute le fruit de cette lecture qui prend aux tripes. 

 

Entre ciel et terre, Jon Kalman Stefansson, Gallimard, Coll. Folio, 2010

 

Extrait

"Les autorités et les marchands règlent peut-être nos misérables jours, mais ce sont les montagnes et la mer qui règnent sur nos vies. Elles sont notre destin, tout du moins, c'est ainsi que nous pensons parfois, et c'est évidemment ce que tu ressentirais si tu t'étais réveillé et endormi des dizaines et des diaines d'années durant au pieds de ces mêmes montagnes, si ta poitrine s'était élevée et affaissée au rythme du souffle de la mer […]. Il est peu de chose aussi belle que la mer par une magnifique journée ou par une nuit limpide, quand elle rêve et que le clair de lune est la somme de ses rêves.

Pourtant, la mer n'a nulle beauté et nous la haïssons plus que tout quand elle lève ses vagues à des dizaines de mètres au-dessus de la barque, au moment où la déferlante la submerge. Elle nous noie comme de misérables chiots, peu importe à quel point nous agitons nos bras, implorons Dieu et Jésus-Christ, elle nous noie comme de misérables chiots.

Et là, tous sont égaux. Les crapules et les justes, les colosses et les mauviettes, les bienheureux les affligés. On entend quelques cris, quelques mains s'agitent désespérément, puis c'est comme si nous n'avions jamais existé, le corps sans vie coule, le sang se refroidit à l'intérieur. Les souvenirs s'effacent, des poissons vient se coller à ces lèvres qui, embrassées hier prononçaient les paroles essentielles ;  ils effleurent ces épaules qui portaient le benjamin et les yeux ne contemplent plus rien, posés au fond de l'eau.

La mer est d'un bleu froid et jamais calme, un monstre gigantesque qui inspire, qui porte la plupart du temps, mais parfois se dérobe et alors nous sombrons. L'histoire de l'homme n'est pas si complexe que cela."

Couverture

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